LES 2 THÉORIES DE GESTION

Peu avant de partir pour une aventure de formation au Costa Rica avec un groupe corporatif, j’ai consulté le livre de John Kritcher - “The Neotropical Companion” - sur les forêts pluvieuses. Ses prédictions relatives à leur état m’ont incité à vérifier l’actualité. Les choses sont pires qu’il ne l’avait prévu: Les forêts primaires sont victimes d’assauts incontrôlés.
Plusieurs articles suggèrent le « besoin et la cupidité » comme la source de cette situation néfaste. Des études confirment que 10% des espèces de plantes sont en danger immédiat d’extinction et que celles qui sont bénéfiques risquent de disparaître avant même que l’on connaisse leurs propriétés.

Il est clair que notre vision purement économique du monde doit céder la place à une façon plus créative de générer notre prospérité. 

Au besoin et à la cupidité j’ajoute «l’ignorance». Bon nombre de leaders et de gestionnaires ne connaissent pas les deux formes de gestion que le Harvard Business School appelle la «Théorie É» et la «Théorie O».

La théorie É (économique) repose sur l’extraction maximale de la valeur d’une opération au bénéfice des actionnaires et participe à une course insensée pour la dernière ressource. La théorie O (organique) favorise la croissance des habiletés de l’entreprise et l’augmentation de sa performance dans le marché, ajoutant la dimension humaine à cet effort.

Voici d’autres secteurs où ces 2 perspectives diffèrent :  

  • Le style de leadership des adeptes de la théorie É est directif et circule de haut en bas tandis que les adeptes de la théorie O favorisent un modèle participatif.

  • Le contrôle «É» est sévère et l’optique purement financière cherche à réduire les coûts et à obtenir la plus grande valeur possible pour ses actions.

  • Pensant en fonction «de gagner ou de perdre» et ayant des objectifs purement quantitatifs, les partisans de la théorie É ne proposent que des stratégies visant à prédire les résultats. Néanmoins, cette vision à court terme est assujettie à la loi des rendements décroissants.

  • Totalement différentes, les modes de gestion dérivant de la théorie O encouragent des structures agiles, des équipes puissantes et une flexibilité adéquate. Éducative, cette perspective organique se traduit par un investissement dans le « capital créatif » de la ressource humaine.

  • Cherchant à augmenter la valeur de leurs actions, les entreprises qui adhèrent à la théorie O développent des scénarios «gagnant-gagnant-gagnant» et des stratégies de axées sur la personne qui tracent le chemin menant aux résultats. Cependant, ces entreprises sont sujettes aux prédateurs, aux parasites ainsi qu'aux limites imposées par la quête de «gains économiques».


Depuis le début de 2011, on évalue à plus de 3,8 milliards les coûts des réclamations dûes à des désastres naturels que les compagnies d'assurance - adeptes de la théorie É - auront à débourser. 2010 aura été l’année où il y a eu le plus de pertes de vie et de réclamations des derniers 30 ans. Et la situation environnementale ne fait qu’empirer.

Sachant qu’une forêt pluvieuse est non seulement le «poumon» de la Planète mais aussi le répertoire d’une grande partie de la diversité de la Terre, la sagesse de la théorie
O est évidente : protéger la poule aux œufs d’or.